Quand de la censure naît une mode glamour….
Dans les années 50, les actrices Hollywoodiennes n’avaient pas le droit de se montrer en lingerie ou tenue légère. Pour contourner la réglementation en vigueur, les producteurs de cinéma, afin de valoriser la plastique de leurs célébrités eurent l’idée de les faire poser en maillot de bain. Les marques de balnéaires rivalisèrent alors de créativité pour créer des maillots de « stars » qui sublimaient les femmes
Mais l’âge d’or du balnéaire aux Etats-Unis dans les années 50/60, c’est aussi l’inconscience de l’après-guerre, la musique, la plage, le surf et un nouvel art de vivre !
Marilyn Monroe
Ambassadrice iconique des marques de maillots de bain
Maillot de bain « Catalina » en dentelle et velours noir – Collection Nuits de Satin
Marilyn Monroe est l’icône glamour par excellence, le mot photogénie a été inventé pour elle. Mais l’actrice n’aurait jamais imaginé qu’elle puisse un jour avoir un tel destin. Née de père inconnu et d’une mère schizophrène, placée en famille d’accueil à 9 ans, elle se retrouve mariée, en 1942, à l’âge de 16 ans avec un ouvrier qui s’engage dans la marine marchande. Marilyn qui n’a pas fait d’étude, finit par trouver du travail dans la même usine que son mari en tant que plieuse de parachutes. C’est là qu’elle se fait repérer par un photographe de l’armée, David Conover, venu pour illustrer l’implication des femmes dans l’effort de guerre. Il cherchait un « physique » pour stimuler le moral des troupes à l’étranger quand il a découvre Norma Jean, une jeune fille de 18 ans, qui avait l’air très intéressante, même en salopette…
Grâce à cette série de photo publiée un peu plus tard dans le magazine YANK en 1945, elle fait ensuite la couverture d’une trentaine de magazines de Pin-up et commence à se faire connaître comme la « Mmmmm girl ». Elle abandonne son travail pour se consacrer à sa carrière de mannequin, notamment auprès de l’agence Blue Book Modeling Agency. En décembre 1945, elle tourne son premier film-test pour l’agence, afin de promouvoir des maillots de bain. La « bombe sexuelle » est née et sa carrière commence alors … Même lorsqu’elle devient actrice, puis star, elle reste l’ambassadrice incontestée des marques de beachwear qui utilisent à l’envi son sourire et son incomparable plastique pour promotionner leurs maillots de bain.
Marilyn n’est pas une légende, mais LA légende !
Une plongée historique et fashion dans les coulisses d’Hollywood
Le code Hays
Dans les années 50, le puritanisme ambiant, le maccarthysme tout puissant et le lobby des ligues de vertu de la société américaine touchent l’univers de la mode. Parmi toutes ces ligues et autres organismes répresseurs, il en est un qui va sévir pendant plus de 30 ans et perturber le cours d’une industrie florissante : le code Hays, guide d’autocensure pour la communauté cinématographique hollywoodienne.
En pratique, l’application stricte du code impose de suivre des règles saugrenues : les baisers sont chronométrés, la nudité est proscrite, les costumes trop révélateurs sont bannis, le lit, même conjugal, devient obligatoirement des lits jumeaux…

Les scènes de déshabillage et la lingerie provocante doivent être évitées, sauf lorsqu’elles constituent un élément essentiel du scénario. En outre William Hays, étant sujet à un fétichisme particulier, traque personnellement les nombrils féminins.
Le maillot de bain deux-pièces taille haute, devient alors la seule pièce sexy et glamour autorisée sur les tournages et la promotion des films. Quant au maillot une-pièce, il sublime les stars en dévoilant leurs atouts, mais dans les règles !

Elizabeth Taylor et Ava Gardner sont des actrices de la Metro-Goldwyn-Mayer et cette société de production cinématographique diffuse jusqu’à 3 000 photos d’elles par semaine pour assurer leurs promotions.

« Bathing Beauty » (Le Bal des Sirènes)
C’est le premier film 100% aquatique produit à Hollywood. Somptueusement mis en scène dans le plus grand studio alors jamais construit, ses scènes de natation synchronisée majestueusement chorégraphiées par le maître de l’époque Busby Berkeley, font d’Esther Williams une star dont le seul costume est le maillot de bain.

Esther Williams dont les maillots parfois provocants pour l’époque n’en demeurent pas moins des œuvres d’art en termes de style. Surnommée « la Sirène d’Hollywood », l’actrice américaine, après avoir été la vedette d’une vingtaine de films, devient une femme d’affaire prospère en se lançant dans la création de maillots de bain. S’inspirant des tenues de ses films, elle travaille pour la marque Catalina puis lance sa propre griffe, toujours commercialisée de nos jours.
L’âge d’or des « Pin-up »
Une Pin-up est une représentation rêvée de femme , en dessin ou en photo, dans une pose attirante ou « sexy ». L’expression anglo-saxonne « Pin-up girl » pourrait se traduire en français par « jeune femme épinglée au mur » (to pin : épingler).
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Pin-Up, symboles de charme et d’érotisme, connaissent un très large succès, surtout chez les militaires, et notamment chez les G.I. Des représentations de Pin-up étaient fréquentes sur leurs murs de leur chambrée et paquetage. Certains pilotes, avec la bénédiction de leurs supérieurs, en faisaient même peindre une sur le nez de leur avion bombardier.
Les années 50 deviennent l’âge d’or des Pin-up, principalement aux Etats-Unis. À cette époque, elles sont partout et apparaissent en « Une » des magazines, des journaux, posters, calendriers, petites vignettes à collectionner…La plus célèbre des Pin-up fut et restera Bettie Page qui, si elle fut connue pour avoir posé en lingerie sexy, dut son plus grand succès à ses poses en maillots léopard, relançant ainsi la mode de cet imprimé.
La success-story des Pin-up continue jusque dans les années 70, où elles sont utilisées dans la publicité. Même Coca-Cola fera appel à Marilyn Monroe pour faire la promotion de leur célèbre boisson.
A la suite de l’apparition des magazines érotiques comme Playboy ou Penthouse, la mode des Pin-up disparaît progressivement au profit de photos réalistes de femmes nues moins fantasmées.
On assiste depuis quelques temps à un regain d’intérêt pour ces égéries des années 1950. La mode, la publicité, les médias et les artistes remettent ce style au goût du jour. Dita von Teese, en est la grande prêtresse et célèbre, dans ses shows internationaux, le grand retour de la Pin-Up.
Les tendances européennes des 50’s
Pendant toute la période des années 50, le maillot de bain est porté soit en 2 pièces (culotte montante qui couvre le ventre et surtout le nombril) et le « une-pièce » qui permet de se déshabiller sans être impudique. Cette décennie est marquée par le développement de la créativité du maillot une-pièce Couture et du maillot à jupette.
Destiné à habiller un peu plus la baigneuse, il a l’avantage de pouvoir être porté au bar de la piscine ou dans les jardins de l’hôtel. Le maillot n’est plus forcément « de bain », il peut être de plage ou de cocktail, lors de ce que les américains appellent les « Pool Parties ».
Un style balnéaire flamboyant s’impose dans cette décennie, Les imprimés sont à l’honneur ainsi que les lamés et les maillots sont agrémentés de boutonnage, faux laçage, ceintures et larges poches. La jupette peut être droite, entrouverte, portefeuille ou coupée façon short.
Toutefois, le rationnement des matières de l’après-guerre, en Europe, marque un frein au succès des maillots de bain habillés. Seules les très rares marques haut de gamme s’y essaient.
Les couturiers célèbres collaborent avec les marques américaines, leaders sur ce marché : Jacques Fath fait la promotion de la marque Sutex, tandis que Christian Dior associe son nom à la marque Cole of California, et Elsa Schiaparelli fait la promotion de la marque Catalina.
Certains d’entre eux sont devenus iconiques et la mode « Pin-Up ou retro » a encore de beaux jours devant elle tant les reproductions de ces pièces sont encore prisées.
Comme la petite robe noire, il a sa place dans chaque garde-robe, toutes générations confondues…
Copyright Ghislaine RAYER & Patrice GAULUPEAU