Brigitte Bardot et le Bikini

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France

Brigitte Bardot et le Bikini

Brigitte Bardot et le Bikini sont intimement liés depuis le début des années 50. Réellement porté ou complètement fantasmé, le petit maillot de bain fait partie intégrante du mythe BB et l‘accompagnera tout au long de sa carrière. Tout commence avec le film « Manina, la fille sans voiles », un film de série B, sous la direction du metteur en scène Willy Rozier. Tourné en 1952 sur la Côte d’Azur alors que Brigitte Bardot n’a que 17 ans, le film fait la part belle à la plastique de sa jeune interprète, puisque pratiquement toutes les scènes se passent sur la plage, Brigitte Bardot ne portant qu’un bikini noir ou blanc, extrêmement minimalistes. Sorti en Mars 53, le film sera vu pour le plaisir d’un million de spectateurs, mais générera un petit scandale, au point que les affiches devront être refaites à la hâte, montrant une interprète plus décente dans un maillot une pièce. Les photos publicitaires seront aussi retouchées, faisant porter à Bardot une culotte (très) haute, n’ayant aucun rapport avec la réalité du tournage.

Pour ces raisons de censure, encore plus strictes à l’étranger, il faudra attendre 5 ans pour que le film obtienne un visa d’exploitation en Europe et aux Etats Unis. Il sortira en anglais sous le titre de « The girl with the Bikini » et en espagnol se nommera « la Reina del Bikini ».

C’est dans ce contexte « scandaleux » que deux mois plus tard, Brigitte Bardot, qui vient de se marier avec Roger Vadim, accompagne son mari, venu à Cannes pour faire une interview de Leslie Caron pour le Magazine Match. Leur mariage en décembre 52 a fait grand bruit, Brigitte n’avait alors que 18 ans, et la majorité à cette époque était à 21. La sortie remarquée de Manina est encore dans toutes les mémoires et tout concourt à faire de cette escapade Cannoise un évènement !

Sur la plage de l’hôtel Carlton, une séance photo de « Starlette » est organisée à la grande joie d’une horde de badauds et surtout d’une foule de photographes qui attendent BB avec impatience. La jeune épouse de Vadim apparait alors dans un magnifique Bikini blanc fleuri et se prête de bonne grâce à une longue séance de pose. Des centaines de clichés sont pris, tous les journaux parlent de l’évènement et publient des photos. Le mythe Bardot est lancé, celui du Bikini aussi!

Remisé au magasin des souvenirs depuis sa présentation ratée de juillet 46, le Bikini sort enfin de sa  traversée du désert, un purgatoire qui aura duré sept longues années. Le 25 avril 1953 peut être considéré comme la date de la naissance médiatique du Bikini.

Le deuxième film qui associe Brigitte Bardot et le Bikini est curieusement « Et Dieu créa la femme », où il n’y a pas l’ombre d’un bikini sur le moindre plan. Là, nous sommes dans un cas d’hallucination collective. Pour de nombreux livres et des dizaines de sites internet, c’est dans ce film que la « Star BB » explose aux yeux du monde entier, en portant un soi-disant bikini en Vichy rose…

Ayant certainement fantasmé cet imprimé rendu célèbre par son deuxième mariage avec Jacques Charrier, où elle portait une robe en vichy rose de la Maison Réal, l’imaginaire populaire s’est emparé de la rumeur pour créer de toutes pièces une réalité virtuelle. Nos recherches photographiques ont même démontré que, non seulement elle ne porte pas ce genre de bikini dans le film, mais qu’elle n’a jamais porté devant les photographes un bikini en vichy rose dans le cadre de sa vie privée.

Le troisième film qui associe la star, désormais internationale et le Bikini, est « Le Mépris » de Jean Luc Godard. Tourné pendant l’été 1963, en Italie dans la baie de Capri, le film relate les problèmes d’un couple, joué par Michel Piccoli et Brigitte Bardot. La majorité des scènes se passent dans une maison extraordinaire ayant appartenue au romancier Malaparte. La villa se situe sur un promontoire, comme une presqu’ile sur la Méditerranée, nid d’aigle entouré d’eau, pratiquement inaccessible à l’exception d’un chemin creusé dans la falaise. Outre le couple star, la distribution est internationale puisqu’on y trouve l’américain Jack Palance et le célèbre metteur en scène allemand Fritz Lang, qui joue son propre rôle. Tout concourt à aiguiser l’appétit photographique des agences de presse et en particulier celui d’un nouveau type de photographe qu’on commence à appeler « Paparazzi ». Baptisés par Fellini trois ans plus tôt, du nom d’un de ses personnages dans son film « La Dolce Vita », ces photographes italiens ont une cible privilégiée, Brigitte Bardot!

Les Paparazzis sont omniprésents pendant le tournage, et rendent les prises de vues pénibles, surtout quand on connait le caractère ombrageux de Godard. Stationnés sur les rochers qui font face à la villa, téléobjectifs en mains, ils attendent… Chassés quelques minutes par les carabiniers, ils sont de retour dès le départ de la police. La situation est tellement nouvelle qu’un documentaire va être tourné sur ce nouveau phénomène et deviendra un des premiers making-off de film. Réalisé par Jacques Rozier, ce court métrage, appelé « Paparazzi », nous montre en détails, le déroulement des journées de tournage, et en particulier celles de la terrasse où BB, durant trois jours, simplement habillée d’un Bikini et à découvert, devra composer avec ces photographes et un metteur en scène excédé qui finira par exploser. Ce petit film nous fait découvrir aussi une intéressante interview des Paparazzi qui répondent, quand on leur demande : «  Pour vous, qu’elle est la meilleure photo de Bardot ? » ils répondent sans hésiter : « En costume de bain, en Bikini ! ».

Il nous reste de ces jours de tournage tendus, de sublimes photos, prises par le photographe de plateau Ghislain Dussart, ami personnel de Brigitte. A son propos, dans le documentaire, les paparazzis se plaignent de leur conditions de travail, mais sont respectueux du photographe officiel, presque admiratifs. « …évidemment, nous n’avons pas la chance d’être à la place de Jicky Dussart, le photographe de la production de LA Bardot. Lui, il peut tout se permettre, travailler en pleine facilité, avec désinvolture, avec art, avec simplicité et avec beaucoup d’élégance. »

Et pour finir, comment ne pas parler de l’histoire d’amour que Brigitte Bardot entretient avec la mer, pour son petit village de Saint Tropez, dont la réputation internationale lui doit beaucoup, et pour sa maison au bord de l‘eau « La Madrague ». Pendant des décennies, des milliers de photographes, amateurs ou professionnels, venant de tous les pays, ont espéré durant chaque été, apercevoir « la Star », faire la photo souvenir pour les uns, « la plaque » pour les autres.

Chaque été, le monde avait rendez-vous avec BB, et chaque été, les rédactions de tous les journaux de tous les pays espéraient une photo : Brigitte Bardot à Saint Tropez, en Bikini !

Copyright Ghislaine RAYER & Patrice GAULUPEAU 


Brigitte Bardot and the Bikini

Brigitte Bardot and the Bikini have been closely linked since the early 50s. Whether real or sometimes fantasized, the tiny swimsuit contributed to BB’s myth and followed her throughout her career. It all started with the movie ‘Manina the Lighthouse Keeper’s Daughter’, a B movie directed by Willy Rozier. Shot in 1952 on the French Riviera when Brigitte Bardot was only 17, the movie showcased the young performer’s figure as most of the scenes were set on the beach where BB only wore black or white minimalist bikinis. It was released in March 53 and entertained one million viewers, but it also led to a small scandal. To the point where posters had to be quickly tweaked to show the artist in a more appropriate one-piece swimsuit. Advertising pictures also had to be retouched, making it look like Bardot was wearing a (very) high waisted panty, which was inconsistent with what she actually wore on set.

Due to even stricter censor measures abroad, the movie was only released 5 years later in Europe and in the US. It was titled ‘The girl with the Bikini’ in English and ‘La Reina del Bikini’ in Spanish.

It was in this ‘scandalous’ context that Brigitte Bardot, who just married Roger Vadim, followed her husband to Cannes where the latter was set to interview Leslie Caron for Match magazine. Their wedding in December 52 made waves as Brigitte was only 18 years old and the official age of majority was set at 21 at that time. The much-noted release of ‘Manina’ was still engraved in people’s memories and every element contributed to turn this escape in Cannes into a big event.

A photoshoot worthy of a starlet was organised on the Carlton hotel’s beach, to the greatest delight of many onlookers and photographers who were all waiting eagerly for BB. Vadim’s young bride came out in a splendid flowery white bikini and played along for a long posing session. Hundreds of shots were taken and every newspaper wrote about the event and published the pictures. Bardot’s legend was made, and so was the Bikini’s.

Long forgotten since its failed launch in July 46, the Bikini finally emerged from a purgatory that lasted seven long years. 25 April 1953 can be seen as the media birth of the Bikini.

The second movie which links Brigitte Bardot to bikinis is, oddly, ‘And God created woman’ although it features absolutely no shot of a bikini. This is a case of mass hallucination. For many books and dozens of websites, this is the movie that made BB worldwide famous wearing an alleged pink Vicky bikini.

The fantasy may come from a picture from her second marriage with Jacques Charrier where she was seen wearing a pink Vichy dress from Maison Real, which led to popular imagination to create an alternate reality. Our photographic researches show that not only had she never wore this type of bikini in the movie, but that she was also never photographed wearing one in her personal life either.

The third movie that connected the international star to the Bikini was ‘Contempt’ from Jean-Luc Godard. Shot in summer in 1963 in Capri, the movie relate a couple’s issues, played by Michel Piccoli and Brigitte Bardot. Most scenes are shot in a spectacular mansion which used to belong to the Italian writer Malaparte. The house is set on a hill, surrounded by water and almost inaccessible saved for a path carved in the cliff. Apart from the iconic couple, the cast is mainly international with American actor Jack Palance and famous director Fritz Lang playing himself. Everything contributed to rouse the curiosity of press agencies, especially a new kind of photographers called ‘Paparazzi’. Named by Fellini three years prior, after a character from his movie ‘La Dolce Vita’, these Italian photographers had a specific target, Brigitte Bardot!

Paparazzi were everywhere and represented a nuisance to the filming, exacerbating Godard’s irritable character. Standing on the rocks facing the villa with their telephoto lenses, they were waiting. Even when policemen were chasing them, they would come back a few minutes later. This situation was so new that a documentary was made highlighting the phenomenon and became one of the first making-off ever made. Directed by Jacques Rozier, this short film named ‘Paparazzi’ revealed a typical day of shooting, especially those set on the terrace where BB was only wearing a bikini for three days. She had to put up with these photographers and a frustrated director who eventually exploded. The movie also shows an interesting interview with these Paparazzi who were asked what the best picture of Bardot was, and to which they replied without hesitation ‘in a swimsuit, in a bikini!’.

Stunning pictures were also taken during the tensed filming, shot by the set photographer Ghislain Dussart, who was a friend of Brigitte. In the documentary, paparaizzi could be heard complaining about their working conditions, but they always remained very respectful of the official photographer: ‘of course we’re not lucky enough to be in Jicky Dussart’s shoes. He can do anything, work at ease, casually, artistically, simply and very elegantly.’

Finally, how could one fail to mention the love Brigitte Bardot nurtured for the sea and for Saint Tropez, which owes her its international reputation, and for her beach house ‘Madargue’. For decades, every summer photographers (both amateurs and professionals) would come from all over the globe in the hope of catching a glimpse of the star – just a souvenir for some, a bounty for others.  

Every summer, the whole world would wait for BB and every summer international newspapers were hoping for a picture of Brigitte Bardot in Saint-Tropez wearing a Bikini!

Copyright Ghislaine RAYER & Patrice GAULUPEAU